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La petite écurie des Fontanelles
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5 août 2011

De l'acquisition de l'ambidextérité

-ou partage de quelques constats plus ou moins évidents au fil des expériences-

 

Le titre, choisi avec provocation, ne manquera pas de faire réagir, je n'en doute pas.

Peut-on réellement parler d'ambidextérité chez le cheval ou bien le cavalier vit-il dans l'illusion d'une ambidextérité artificielle ?

Je ne me lancerai même pas dans ce débat.

L'équitation aime peu la symétrie, c'est un fait indéniable. Le cheval est déjà peu symétrique dans ses allures naturelles, et nous ne l'aidons pas à l'être lorsque ses allures le sont.

Avant toute chose, je crois que l'observation du déplacement du cheval non contraint par le cavalier est très riche en enseignement. Ici, nous avons des paddocks en "L" dans lesquels il est fréquent de voir les chevaux tourner à 90° au galop. Spontanément, ils prennent le virage à juste. S'il arrivait qu'un cheval prenne ce virage systématiquement sur le même pied dans les deux sens, donc à faux la moitié du temps, il serait sans doute judicieux de déterminer s'il y a ou non une cause d'ordre ostéopathique ou orthopédique à cela.

Lors du travail à la longe, qui, souvent, précède, puis complète le travail sous la selle, je crois que le cavalier ne doit pas perdre de vue qu'il est avant toute chose le coach sportif de son athlète de cheval. L'entraineur russe qui sommeille en moi va jusqu'à respecter le temps de travail sur chaque main à la seconde près. Ce travail-là peut aussi être le contexte idéal pour établir des codes. C'est la méthode que j'ai choisi avec l'un de mes chevaux, arrivé ici adulte et déjà travaillé avec des méthodes "naturelles" différentes des miennes (ceci dit sans jugement de valeur), et pour lequel je souhaitais obtenir le départ au galop sur le pied demandé, mais sans contrainte. Nous avons dans un premier temps associé, lors du travail à la longe, le mot "gauche" avec les départs au galop à gauche, et le mot "droite" avec ceux en main droite. Le petit cheval a très vite assimilé la manoeuvre et s'est appliqué à la répéter sous ma selle (alors que les essais avec des méthodes classiques s'étaient avérés quelques peu... délicats !). De là, il suffit d'associer le mot avec l'incurvation, et l'aide vocale peut, peu à peu, disparaitre.

Cette méthode m'a donné davantage de satisfaction que celles utilisées avec deux autres de mes chevaux arrivés ici, soit déjà débourrés, soit bourrés de (mauvaises) habitudes. Pour ceux-ci je m'étais limitée, avec bien peu d'imagination, à appliquer les méthodes classiques (travail sur le cercle, départ dans des virages, éxagération des aides, ...). Il est évident que plus le cheval a travaillé, soit comme il le veut, soit systématiquement sur le même pied, plus l'obtention de l'aisance sur les deux pieds est difficile à obtenir. J'ai pu voir des chevaux évoluer à haut-niveau (dont une célèbre jument de cei*** au milieu des années 90) en galopant sur un seul pied, toujours, mais je sais aussi que je n'aurais jamais accepté cela de l'un des miens. J'aurais cherché les causes, et tenté, avec obstination d'y remédier. Peut-être à tort ?

Dans la mesure du possible, et a fortiori avec mes poulains, j'aime travailler par le renforcement positif (exagéré sans doute parfois), mes "non" étant toujours brefs et fermes, mais calmes et rassurants. Un départ à faux fait immédiatement place à un "non" et à un retour au trot, suivi d'une nouvelle demande, et ainsi de suite jusqu'à obtention du départ sur le bon pied, qui donne alors lieu à de grandes félicitations et à la récompense (je te laisse dérouler !). C'est ainsi que nous travaillons puisque nous n'avons pas de carrière. Et c'est ainsi que nous travaillons car nous ne souhaitons pas pour les jeunes chevaux forcer la mise sur le cercle sous la selle, tant que l'équilibre et la cadence ne sont pas acquis comme il se doit. Plus tard, on s'occupera de cela. Le renforcement positif et la prise d'habitudes fonctionnent très bien avec les "De Fontanelle". Mais surtout, j'aime travailler la subtilité avec mes 1ères mains. J'aime les demandes implicites, j'aime le travail de l'assiette, davantage que celui des mains et des jambes. Je crois en la régularité du travail et en la détermination. Et je crois aussi qu'en extérieur, il ne faut jamais se relâcher, toujours veiller à bien équilibrer les temps de travail sur chaque bipède diagonale au trot, et toujours savoir sur quel pied on galope. Je suis convaincue que les habitudes sont déterminantes (et je me réjouis de voir Hémy toujours s'échauffer sur les deux pieds sans même avoir à lui formuler la demande). Je crois en tout ça. Et eux aussi.

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Commentaires
B
C'est marrant, je viens juste de voir ton commentaire et entre temps, j'ai été me renseigner pour quelques cours particuliers où ça sera MON popotin sur la selle et les conseils avisés d'une tierce personne à pied (j'y tiens vraiment^^). <br /> J'ai pensé à toi à Compiègne hier, sur la 20km parce qu'elle m'a fait le plaisir de galoper sur le pied droit ... Je dirai qu'il était question d'un ratio 1/3 pied droit & 2/3 pied gauche, ce qui n'est pas si mal !
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S
on commentaire m'a donné envie de développer mes pensées (un peu car pas facile de trouver le temps à cela), basées sur les observations et expériences.<br /> C'est très bien que tu perçoives les lacunes car peu de gens le font... Nousha ne comprend pas "tes" codes (et c'est légitime, ils apprennent déjà tant à la fois à son âge), et bien sur, tu va les lui "expliquer" (parce que tu sais que c'est nécessaire et que tu ne t'en fous pas, big up à toi) et pour cela, peut-être peux-tu demander l'aide d'un instructeur qui TE fera travailler avec elle, une belle alternative, non ? ;o)
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B
Sans avoir vu ton commentaire précédemment écrit, je me suis demandé si ton article était inspiré de ma précédente intervention ;)<br /> Au vu de ta réflexion, je dois rectifier mes propos. <br /> Nousha galope aussi bien sur le pied droit que le gauche en liberté. Elle se met toujours à juste lorsqu'elle travaille en carrière... Mais je demande toujours mes départs dans les coins. <br /> En longe, c'est plus délicat. A gauche, pas de soucis. A droite, elle démarre souvent sur le bon pied pour changer en cours de route. Et là, il faut la remettre au trot pour la faire repartir sur le bon pied par la suite. <br /> <br /> Du coup, Nousha est, je pense, "gauchère" mais n'a pas de problème particulier à galoper sur le pied droit. Elle est juste moins à l'aise sur ce diagonal et surtout n'a pas encore compris "mon" language des aides.<br /> <br /> (et j'ai aussi tenté ce que tu appelles renforcement positif, qui m'est délicate à gérer en balade. Au bout de quelques essais, j'ai souvent une mini-bombe en dessous, prête à exploser dès la moindre petite sollicitation. Si j'espace mes demandes, ça va beaucoup mieux mais du coup, l'objectif de l'exercice devient la gestion de la "gaieté" et plus les départs au galop)<br /> <br /> Il est évident qu'il me manque "la" technique, mais j'ai tellement peur de la confier, ne serait-ce qu'une fois à un "professionnel" et de la retrouver changée que je vais tenter de régler tout ça par moi-même. Coûte que coûte !
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