23 mars 2012
Ma réponse intégrale à Cheval Mag
Voici ci-dessous le courrier que j'ai adressé à Cheval Magazine le mois dernier et qui a été partiellement publié dans le numéro de ce mois.
Bonjour,
Je souhaite réagir à la suite de la lecture de votre article "Chevaux entiers : une triste vie !" par Antoinette Delylle, paru dans Cheval Magazine n°484 Mars 2012.
En réponse à vos propos, je pourrais m'insurger, mettre en doute vos propres expériences en la matière, ou bien tout simplement me questionner quant à ces indignes propriétaires d'entiers que vous mentionnez...
Plutôt que tout cela, je vais vous raconter, brièvement, l'histoire d'Aïnhoa Enfin, pur sang arabe mâle né en 1999.
Ce petit cheval arabe au modèle très typé a débuté tôt sa carrière sur le circuit endurance.
Il est bien connu sur le circuit aquitain, non pas parce qu'il correspond au cliché de l'entier que vous décrivez mais parce qu'au-delà de son modèle, sa gentillesse et ses bons résultats ne sont pas passés inaperçus.
Je l'ai rencontré en 2007, il appartenait alors à un ami, et son attitude très sociable m'a tout de suite plu. La douceur de son regard m'avait séduite, indéniablement.
Sur le circuit endurance depuis 1991, j'avais alors l'habitude de côtoyer des chevaux arabes mâles, une chance pour moi d ene pas avoir le crâne bourré de tous les préjugés qui circulent. Notre discipline ne faisait alors aucune discrimination ni sur les races ni sur les papiers des chevaux...
Les circonstances ont fait qu'Aïnhoa Enfin a rejoint notre écurie en juin 2010. Nous cherchions alors un hongre ou une jument de 5 ans. Nous sommes rentrés avec un entier de 11 ans, sous le charme, sans être raisonnable.
Aïnhoa Enfin dispose depuis d'un paddock confortable avec un grand abri. Nos trois juments et notre hongre sont à quelques mètres de lui la plupart du temps. Notre hongre est parfois tout près de lui.
Mais pourtant... Pourtant, Enfin a une vraie vie de cheval !
Il est choyé au quotidien et est sans doute le cheval le plus câliné de toute l'écurie. Notre fils de 5 ans lui porte ses rations, le panse, et se ballade souvent sur son dos.
Il sort à l'entraînement avec "ses" filles, au botte à botte sur la piste. Il court en course, accompagné d'hongres ou de juments, indifféremment.
Enfin a commencé sa carrière de reproducteur l'année dernière, parce que, non, personne de sensé ne garde un cheval entier pour la frime ou pour les médiocres raisons citées dans votre article.
Si Enfin a été conservé entier, c'est dans un premier temps parce que rien dans son comportement ne poussait son ancien cavalier à le faire castrer, et c'est évidemment parce qu'il aurait été dommage qu'il ne puisse assurer une belle descendance.
Si je vous parle d'Enfin, c'est parce qu'Enfin n'est pas un cas à part. Visiblement nous ne côtoyons pas les mêmes propriétaires d'entiers !?
Les entiers que je connais sont des chevaux qui ne sont pas à mettre entre toutes les mains, certes, mais ce sont des chevaux biens dans leur tête, attachants, et entiers avec leur coeur,
au delà d'une part de testicules qu'ils ont miraculeusement pu conserver dans un monde où la castration est la norme.
Aucun des propriétaires d'entiers que je connais n'est une "victime de cette toute dernière mode". Nous avons fait un choix que nous assumons, avec quelques contraintes, mais avec certains avantages
(et je ne parle pas là d'avantages financiers, ce n'est pas quelques saillies qui permettent de faire faire basculer notre bilan comptable ! ).
Nos chevaux ne font pitié à personne et n'ont rien à faire dans une rubrique intitulée "Protection"...
Peut-être devriez-vous par contre vous pencher sur une autre tendance, celle qu'ont suivi les gens qui ont franchi le cap de l'achat d'un cheval sans pour autant avoir les connaissances et le savoir-faire que cette démarche requiert,
et pire encore, sans être animé d'une passion sincère... ?
Personnellement, si les chevaux entiers ne m'ont jamais fait venir la larme à l'oeil, je ne peux pas en dire autant de tous ces chevaux, lubie de quelques mois, quelques années au mieux, qui finissent dans des prés sans aucun soin ni aucune attention.
Sophie Robert-Taymont
En réponse à vos propos, je pourrais m'insurger, mettre en doute vos propres expériences en la matière, ou bien tout simplement me questionner quant à ces indignes propriétaires d'entiers que vous mentionnez...
Plutôt que tout cela, je vais vous raconter, brièvement, l'histoire d'Aïnhoa Enfin, pur sang arabe mâle né en 1999.
Ce petit cheval arabe au modèle très typé a débuté tôt sa carrière sur le circuit endurance.
Il est bien connu sur le circuit aquitain, non pas parce qu'il correspond au cliché de l'entier que vous décrivez mais parce qu'au-delà de son modèle, sa gentillesse et ses bons résultats ne sont pas passés inaperçus.
Je l'ai rencontré en 2007, il appartenait alors à un ami, et son attitude très sociable m'a tout de suite plu. La douceur de son regard m'avait séduite, indéniablement.
Sur le circuit endurance depuis 1991, j'avais alors l'habitude de côtoyer des chevaux arabes mâles, une chance pour moi d ene pas avoir le crâne bourré de tous les préjugés qui circulent. Notre discipline ne faisait alors aucune discrimination ni sur les races ni sur les papiers des chevaux...
Les circonstances ont fait qu'Aïnhoa Enfin a rejoint notre écurie en juin 2010. Nous cherchions alors un hongre ou une jument de 5 ans. Nous sommes rentrés avec un entier de 11 ans, sous le charme, sans être raisonnable.
Aïnhoa Enfin dispose depuis d'un paddock confortable avec un grand abri. Nos trois juments et notre hongre sont à quelques mètres de lui la plupart du temps. Notre hongre est parfois tout près de lui.
Mais pourtant... Pourtant, Enfin a une vraie vie de cheval !
Il est choyé au quotidien et est sans doute le cheval le plus câliné de toute l'écurie. Notre fils de 5 ans lui porte ses rations, le panse, et se ballade souvent sur son dos.
Il sort à l'entraînement avec "ses" filles, au botte à botte sur la piste. Il court en course, accompagné d'hongres ou de juments, indifféremment.
Enfin a commencé sa carrière de reproducteur l'année dernière, parce que, non, personne de sensé ne garde un cheval entier pour la frime ou pour les médiocres raisons citées dans votre article.
Si Enfin a été conservé entier, c'est dans un premier temps parce que rien dans son comportement ne poussait son ancien cavalier à le faire castrer, et c'est évidemment parce qu'il aurait été dommage qu'il ne puisse assurer une belle descendance.
Si je vous parle d'Enfin, c'est parce qu'Enfin n'est pas un cas à part. Visiblement nous ne côtoyons pas les mêmes propriétaires d'entiers !?
Les entiers que je connais sont des chevaux qui ne sont pas à mettre entre toutes les mains, certes, mais ce sont des chevaux biens dans leur tête, attachants, et entiers avec leur coeur,
au delà d'une part de testicules qu'ils ont miraculeusement pu conserver dans un monde où la castration est la norme.
Aucun des propriétaires d'entiers que je connais n'est une "victime de cette toute dernière mode". Nous avons fait un choix que nous assumons, avec quelques contraintes, mais avec certains avantages
(et je ne parle pas là d'avantages financiers, ce n'est pas quelques saillies qui permettent de faire faire basculer notre bilan comptable ! ).
Nos chevaux ne font pitié à personne et n'ont rien à faire dans une rubrique intitulée "Protection"...
Peut-être devriez-vous par contre vous pencher sur une autre tendance, celle qu'ont suivi les gens qui ont franchi le cap de l'achat d'un cheval sans pour autant avoir les connaissances et le savoir-faire que cette démarche requiert,
et pire encore, sans être animé d'une passion sincère... ?
Personnellement, si les chevaux entiers ne m'ont jamais fait venir la larme à l'oeil, je ne peux pas en dire autant de tous ces chevaux, lubie de quelques mois, quelques années au mieux, qui finissent dans des prés sans aucun soin ni aucune attention.
Sophie Robert-Taymont
PJ : Quelques photos qui parlent d'elles-mêmes...
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