Championnat d'Aquitaine - 2x54

Date et Lieu : 28 et 29 avril 2012, Loubès-ernac (47)
Course : Championnat d'Aquitaine d'Endurance (Am 1 GP) - 2 x 54 km.
Couple engagé : Aïnhoa Enfin/ Sophie
Conditions terrain et météo : Les précipitations très abondantes des dernières semaines ont entraîné une dégradation des sols, à dominante argileuse, et a diminué fortement leur portance .
Cette course qui s'est déroulée l'an dernier dans d'excellentes conditions était cette année très pénible pour les chevaux, pour lesquels chaque foulée demandait un effort plus intense afin de lutter contre "l'effet ventouse".
Les fers perdus sur la piste étaient presque aussi nombreux que les balises sur le parcours. D'ailleurs, je me demande, qui n'a pas déferré à Loubès cette année ?


Préambule :

Avant de rentrer de plain-pied dans le récit de course, il me semble nécessaire de rappeler où en était Aïnhoa Enfin et de préciser quels étaient mes objectifs.

L'an passé, la saison s'est arrêtée à Castelsagrat, sur la CEI**, lorsqu'Enfin a montré une irrégularité d'allure au second vet gate après s'être porté un coup violent sur un tendon.
A la suite de celà, nous avons tout mis en oeuvre pour que le rétablissement se fasse dans les meilleures conditions, privilégiant la santé du cheval à notre envie de le voir de nouveau sur la piste.
Les derniers contrôles en clinique vétérinaire nous avaient montré que la guérison était tout à fait terminée, et qu'Enfin était "comme neuf".

Enfin aurait du reprendre la saison en février dernier, mais le coup de froid intense a nuit à sa préparation.
La saison de monte a donc commencé en priorité à la saison sportive, parce qu'il faut savoir établir des priorités.

Pour cette première course de 2012, j'ai fait le choix d'engager le cheval sur une course sur 2 jours, un véritable test.
L'objectif premier était donc de faire la reprise d'Enfin sans pour autant prendre des risques.


Journée 1 :

10h00, le départ est donné. Enfin s'élance sur la piste en dernière position. Le sol plante et glisse, je préfère le tenir à l'écart, vigilant.
Rapidement, nous rattrapons sur la piste un autre concurrent, Lionel, avec lequel nous fermons la marche.
Sa jument et mon entier fonctionnent bien tous les deux. Nous décidons de rester ensemble sur cette première boucle de 29 km.

A l'issue du 1er vet gate, Enfin s'élance sur la piste quelques minutes avant la jument de Lionel.
Nous faisons seuls la seconde étape, concentrés, dynamiques, et toujours prudents, la peur de la glissade fatale dans cette pataugeoire ne me quitte pas.

Enfin entre rapidement au second vet gate. Tout est parfait. C'est fini pour aujourd'hui.

C'est fini, Enfin, façon de parler. Reste à le doucher, le masser, lui poser ses bandes de repos, le couvrir, le caresser, le remercier, le choyer.
Et surtout, le marcher. Malgré la pluie. Pluie battante, des seaux d'eau sur la tronche.
J'apprécie la qualité de son imperméable. Pas du mien.

Des nuits entières passées à ne pas trouver le sommeil. Et enfin, mon Enfin, j'ai pu dormir cette nuit-là. Apaisée.


Journée 2 :

Le contrôle matinal révèle que tous les voyants sont au vert. Je n'en doutais pas. Enfin est vif, attentif, déterminé aussi, je le sens.

10h21 (21 minutes, c'est l'avance qu'a le premier sur nous), nous repartons en compagnie de Lionel et sa jument. Les juges nous ont demandé si nous acceptions qu'ils prennent le départ avec nous, il est plutôt sympa, Enfin semble apprécier sa compagne de route de la veille, aucun souci pour nous.

Nous repartons sans trop d'illusions, le concurrent qui nous devance est à 15 minutes. C'est beaucoup, et c'est peu. A ce moment-là, je ne pense pas possible de revoir le cheval précédent.

Nous avançons dans un bon tempo, nous ralentissons lorsque le sol s'enfonce car nous ne pensons qu'aux membres de nos chevaux.

Alors que la piste nous offre un peu de goudron à "bas côtés galopables", c'est le drame : Enfin a déferré d'un antérieur. J'appelle l'assistance, qui s'organise, au mieux et se prépare à me referrer au point suivant, avec l'aide du papa de Lionel et d'un sympathique monsieur que je ne connaissais pas.

Enfin est survolté. Il ne supporte pas de voir filer sa partenaire. Il est méconnaissable. Pour la sécurité de tout le monde je dois prendre une décision que je n'aurais jamais prise "à froid" : Je repars, un fer en moins, jusqu'au vet gate.

Enfin a tout compris, il cale son antérieur nu sur le bas côté enherbé, ralentit fortement sur les portions dures (car malheureusement c'est sans doute la seule zone durant les deux jours de course qui en proposait), et déroule fort, fort, fort, lorsque le sol plante.

Malgré de longues minutes perdues, je remonte Lionel.

En passant la ligne d'arrivée, je constate que mon second fer antérieur s'est aussi fait la malle...
Nous tentons le vet, complètement déferré devant. Le cheval met un peu plus de temps à entrer, il n'est pas fatigué. Il est anxieux, pas encore remis de son gros coup de nerfs.

Un beau "A" aux allures. Nous filons immédiatement voir Sébastien, le maréchal de service.

Après le réexamen règlementaire, nous reprenons le départ, rechaussé de devant, et quelques clous en plus derrière.

Nous continuons à faire route commune avec Lionel. J'avais promis de jouer la sécurité sur la piste après les incidents de ferrure survenus sur l'étape précédente... Mais les chevaux vont bien et nous décidons de les laisser dans leur rythme, tout en limitant les prises de risque, comme nous l'avons fait tout au long de cette course.

Alors que nous pensons finir la course sans revoir la concurrence, j'aperçois sur un vallon ce qui me semble être un dossard jaune. Nous sommes à moins de 5 km de l'arrivée. Je regarde le chrono, lorsque nous passons au même endroit, un peu plus de 4 minutes se sont écoulées.

Cela me parait peine perdu, mais Enfin, petite oreilles à l'affût, semble vouloir partir en chasse, et, je l'avoue, j'en ai envie moi aussi. Nous décollons. Ca part fort. Le petit cheval finit la course au  bon galop de chasse et me prouve de nouveau qu'il est généreux, qu'il est puissant, qu'il est fiable.

Ses guêtres lui arrivent en bas des jambes quand il passe la ligne d'arrivée tant il a envoyé sur cette dernière portion, il est magnifique.

Nous entrons en quelques minutes au contrôle final. Et c'est tout bon.

J'ai retrouvé Enfin.


Remerciements :

Un grand merci à l'assistance, composée de ma famille : Angel et Julien, mais aussi de mon amie Isabelle, et d'Antoine. Merci à eux tous pour les soins du cheval, pour s'être trempés et couverts de boue pour nous.

Merci à Céline et Yves, Elevage de Brion, pour leur soutien et leur présence. Et félicitations à eux pour le bon classement de Riyade sur la 60 km le samedi et de Riff sur la 90 km à vitesse limitée le dimanche.

Merci aux amis qui nous ont encouragé, et là, je ne ferais pas de liste de peur d'en oublier un ou deux...

Un énorme merci à Philippos qui est resté à l'Ecurie pendant ce temps. Je suis partie l'esprit tranquille grâce à lui.

Et enfin, last but not least, merci à Aïnhoa Enfin pour cette belle course qu'il nous a faite vivre.

Photos : Eric Trescazes et Julien.

Comments

[valérie]

Je sais combien cette course était importante pour toi et ce que signifie l'avoir menée à terme sans encombre, alors juste: bravo pour ta persévérance, ta patience, ta vigilance et ta raison.;)

[Lindsay]

- Enfin , magnifique comme toujours.

Je pense qu'il a fait s'en retourné plus d'un avec sa beauté absolue.



Je suis ravie pour toi , pour lui.

Il est courageux celui là !





Le violet vous va a ravir ;)

A très vite ma Sophie !

[Mathilde]

Du travail, de la vigilance, des soins, et beaucoup de coeur: une belle recette pour de belles réussites ! (Dis moi si j'oublie quelque chose ?!)

Je vous souhaite d'ajouter encore beaucoup de kilomètres à votre compteur ;)



PS: Pas mal les couleurs de Zaz sur le mââââle ^^