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La petite écurie des Fontanelles
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17 janvier 2009

MEA CULPA

Quand j'étais gamine, je montais au centre équestre de Romainville.
Dominique, notre enseignante, nous paraissait parfois dure...
Dominique disait rarement "c'est bien" mais disait toujours ce qui n'allait pas.
Et lorsque l'un d'entre nous foirait, elle nous rappelait toujours que c'était de notre faute, et jamais de celle du cheval.
Je me souviens des moments où avant la reprise, nous découvrions sur le tableau noir quel cheval nous allions monter. Certaines (toujours plus que certains, allez comprendre) étaient aux bords de la crise de nerfs  en découvrant qu'elles ne monteraient pas Régal mais Ciboulette... Le client est roi, dit-on, mais la petite reine Cécile a tout perdu le jour où sa maman a stupidement exigé que sa fille ne monterait que son cheval fétiche : Nous avons continué à progresser et Cécile est restée statique dans les reprises pour débutants.

Je t'ai entendu, oui, toi ! Tu as pensé très fort : "Mais où veut-elle en venir ?"

Et bien je vais te le dire... 

Je remercie toutes les Dominique (ou autre Jeanne et Denis) qui ont enseigné l'équitation avec cet esprit-là.

Je vais concrétiser ces propos-là en convergeant sur mes propres chevaux.

Printemps 98 : J'entraîne à tour de rôles Sirocco puis Ulla sur hippodrome. Sur le dernier sprint final avec Ulla, alors que Philippe nous chronomètre, Ulla sort brutalement de la piste et me scotche sur place, à plus de 50km/h. Ce jour-là, j'avais oublié qu'entre le pur sang et la ponette, le plus chaud n'est pas toujours celui que l'on croit.

Hiver 2002 : El Qahirah explose violemment et nous tombons toutes les deux. C'était de ma faute, sans aucun doute. J'ai relâché le cadre dont elle a besoin, j'ai cru que c'était acquis.

Tartas, avril 2008 : J'abandonne sur la piste au kilomètre 50, ma jument Hémy boîte suite à une blessure sur la piste. Course catastrophe dont je suis l'unique responsable. Je connaissais l'émotivité d'Hémy et par manque d'organisation, je l'ai laissé se cramer d'énervement sur la piste ce qui a provoqué fatigue et inattention, puis blessure.

Si j'assume mes fautes, je vais citer deux autres exemples (liste non-exhaustive car chacun pourrait y aller de son anecdote) mais en préservant l'anonymat des cavaliers mentionnés :

En 1996, D. monte Sirocco qui lui refuse le départ au galop à droite. Au contraire, il s'entête à galoper à faux sur de tout petits cercles. A aucun moment elle ne se remettra en cause. Ce fut tellement plus facile de le matraquer... Il ne céda pas, forcément, il n'était pas le fautif.

Eté 1997, l'incident se reproduit lorsque S. monte Sirocco à l'entraînement. Sa réaction fut différente, il ne le frappa pas (de peur de prendre ma main in the face ?) mais pris la décision de ne plus monter qu'Ulla car "il est trop con ton cheval".

Pourtant, Sirocco galope sur les deux pieds...

C'est tellement plus facile de s'en prendre au cheval plutôt que d'admettre ses problèmes d'équitation...

Le problème est à mon avis que cette façon de penser s'est peu à peu généralisée, à croire qu'il n'y a que des bons cavaliers, et de plus en plus de chevaux "cons" ou difficiles.

Je ne vais pas dire qu'il n'y a pas de chevaux difficiles, mais sans doute davantage de chevaux que nous rendons difficles (se conférer El Qahirah's story), et des cavaliers avec une bien triste mentalité qui n'ont pas compris que rien n'est jamais gagné à cheval. Ce sport-là est un challenge perpétuel qui nous offre la possibilité d'évoluer sans cesse pour peu que l'on ait compris cela.

Monter à cheval, c'est aussi et surtout réflêchir. Quelle est la cause du problème, et comment puis-je faire de la prévention plutôt que de la répression... ?

Un peu d'humilité : Soyez déjà reconnaissants envers ce magnifique animal qui nous accepte sur son dos avec plus ou moins bonne grâce. Et stop à la mesquinerie, c'est tellement facile de punir quand est assis dessus... Et bien difficile d'avouer sa médiocrité.

Aujourd'hui j'aimerais comprendre pourquoi :

- certains moniteurs distribuent des galops à des cavaliers qui ne sont même pas capables de dispenser les soins élémentaires à leur monture ni même de la préparer eux-même avant de monter dessus ?

- les enseignants n'hésitent pas à remettre en cause les chevaux et flattent de manière incohérente les apprentis cavaliers ?

- dérive de la question précédente : de plus en plus de cavaliers incriminent le cheval quand ça se passe mal ?

- des parents achètent des chevaux à des gamins qui se croient bons cavaliers alors qu'ils n'ont même pas 2 années d'équitation à leur actif ?

- les gens préfèrent sortir la grosse artillerie en matière d'embouchure plutôt que de travailler leur assiette et leurs actions de main ?

- de quel droit des prétendus cavaliers osent déclarer que c'est le cheval qui est nul ?

Je sais pas pour vous, mais moi, je crois que tout cela, c'est un peu de la faute de Cécile.

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Commentaires
S
Je le crois aussi. Mais dans un aucun autre domaine je ne me serais donné autant de mal dans ma vie. Et j'ai pas honte de le dire.
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H
Pour le cheval, comme tu l'illustres si bien, comme dans tous les pas que l'on fait dans la vie, on stagne si c'est toujours la "faute à l'autre" et on progresse en analysant honnêtement ses propres lacunes.
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S
Ben voilà ! <br /> Aujourd'hui j'ai voulu remercier Hémy en tout particulier. Elle est ma grande fierté car elle est vraiment le fruit de mon travail (née ici et tout fait ici avec moi) et je suis extrêmement fière d'avoir modelé un petit cheval aussi aimable (elle vient toujours quand elle nous voit préparer le matériel) et gentil, et généreux, et maniable, et... j'arrête là, la liste est trop longue...<br /> Bref tout cela pour dire que je lui ai offert un joli licol en cuir avec une plaque gravée Hémy de Fontanelle en jolies lettre cursives. Photos sous peu, of course !
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A
J’ai bien connu tout ce que tu décris (moi ce n’était pas Dominique mais Jean-Pierre), et je te confirme, comme je monte toujours en club, qu’il existe encore plein de Cécile …<br /> <br /> Je pense qu’effectivement, nous devons un respect incommensurable aux chevaux qui ne sont pas bêtes ou nuls, mais qui ont seulement des cavaliers présomptueux !! Comme tu l’as clairement expliqué, ils n’ont rien compris à l'équitation et surtout aux chevaux !!
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S
Ta réponse ne va pas vraiment dans le sens que j'entends.<br /> <br /> Sans avoir la prétention de devenir un "excellent cavalier" comme tu le dis (car qui peut prétendre l'être ?), il n'est tout simplement pas facile de devenir un cavalier correct. Encore moins de faire corps avec son cheval et de ne former plus qu'un en étant à son écoute et en anticipant ses réactions. Après, c'est une évidence, pas de maitrise sans pratique. En équitation comme dans toutes les disciplines. Et surtout pas de progression sans une remise en question de soi-même continue (même si dans notre sport, on peut facilement trouver un bouc émissaire).<br /> <br /> Les chevaux utilisés pour les rodéos sont un très bon exemple de ce que j'ai appelé "les chevaux que l'on rend difficiles". (Et d'après ce que El Qahirah m'a dit, tu t'y connais en rodéo... Ha ha ha !). Je ne crois pas que certains chevaux soient des fauves nés et d'autres des agneaux. Ils ont prouvé qu'ils ont plusieurs facettes, au fil des saisons, au fil des kilomètres et enfin et surtout, au fil des cavaliers ! Un cheval dit gentil n'est que le fruit d'un travail réussi et harmonieux, j'en suis convaincue. <br /> <br /> A bientôt !
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