Premier cheval

Mon premier cheval à moi s'appelait Ulla.
Le premier cheval, grossièrement, c'est celui qui essuie nos conneries. Certains en font plus que d'autres, cela va de soi.

Ulla a évité le pire : Mon père avait un minimum de bon sens et il était convenu que je devais atteindre un certain niveau au club avant que nous nous lancions, des années plus tard, dans la grande aventure. Même si avec du recul, on se rend compte que le club fait de nous des cavaliers (souvent d'intérieur et pas forcément autonomes) mais certes pas des "gens de cheval".

Les premiers mois, je me suis concentrée sur le dressage de la jument. Beaucoup de choses à reprendre, Ulla avait 4 ans, et beaucoup de choses à lui apprendre (et tellement de choses qu'elle m'a apprises). Ulla a eu de la chance d'être tombée sur une petite cavalière aux parents divorcés : Je me limitais à la monter les week-ends dans un premier temps, puis lorsqu'elle fut lancée dans sa carrière d'endurance, les mercredis et les week-ends. De ce fait, je n'ai pas forcé les choses, usé prématurément, ni brutalisé la mise au travail.

Nos débuts en endurance en juin 1991 ont été préparés aussi sérieusement que possible. Le peu de conseils reçus alors étaient peu avisés (et nous avions donc très vite compris qu'il faudrait chercher par nous même...), mais mon père, bien que ne connaissant rien aux chevaux, avait des bases en terme d'endurance (humaine) pleines de bon sens. Les temps de repos entre les courses, les programmes réfléchis et pertinents, et surtout la confiance que Philippos a eu en Ulla et moi ont été les éléments clé de notre qualification rapide et absolument réussie jusqu'en 120 km en septembre 1992.

Dans les années qui ont suivi, Ulla a eu la chance que des gens de qualité qui ont su voir sa valeur croisent notre chemin (et que nous ayons cru en eux plutôt qu'en ceux qui parlaient "d'un cheval pour enfant"). Parmi ces gens capables de voir au-delà des apparences, il y avait Jean-François, il y avait Yvonne, puis il y a eu Joel, Thierry, JLK, Pierrette et Claude, mon Isabelle, ...

Ulla a eu la carrière que certains d'entre vous connaissent.

Et moi, j'ai eu la chance de croiser la route de ce petit cheval fait en acier trempé, qui a tant supporté avec tellement de grâce et de gentillesse. Ce premier cheval dont on est si fier qu'on laisserait presque n'importe qui monter dessus. Ce rêve devenu réalité dont on veut profiter à 100% sans pour autant parvenir à se mettre dans la tête qu'un cheval a besoin de ses temps de repos et qu'aussi solide qu'il parait être, ils ne sont pas forcément capables de supporter toutes nos lubies.

Je remercie mon père d'avoir su préserver Ulla dans les directions qu'il m'a indiquées pour la compétition. Aujourd'hui encore, il est une sorte de garde-fou lorsque je pourrais prendre la mauvaise voie, inquiet pour une Zarda qui travaille au maximum deux fois par mois un petit quart d'heure, ou pour un Sirocco qui sort deux fois par semaine...

Parce que le bon sens est au-delà de l'équitation.

Comments

[Chizhou]

Bien entendu ce sont nos chevaux qui nous accompagnent et nous guident même parfois! Seuls des "gens de chevaux" au sens noble parviennent à comprendre ce partage. Seul peu de "cavaliers" se donnent les moyens de découvrir une telle relation avec les chevaux!
Mais au final, quelle récompense!