Bon pied, bon oeil, bonne dent

Julien Leclerc, notre dentiste équin, est venu hier à la maison pour les visites annuelles d'Hémy et d'El Qahirah.

Basé dans le Lot, Julien n'hésite pas à se déplacer. De l'Aveyron, où il a récemment soigné mes deux vieux, au Médoc, il visite toute ma petite écurie !

Je vois d'ici ce que vous imaginez... Un rustre caractériel tirant sur la langue de ses victimes équines pour mieux pouvoir râper leurs dents à grands coups d'instruments archaïques aux dimensions rabelaisiennes...

Mettons tout de suite le holà à vos préjugès, Julien utilise un matériel en partie électrique, qu'il nettoie et désinfecte entre chaque cheval. En même temps, étant donné la taille des dents de ses patients, il lui faut des outils adaptés.

(ces 4 photos ont été prises en 2006, celles de cette année sont moins explicites)

Certes, le "pas d'âne" qui permet de maintenir la bouche du patient équin ouverte est susceptible de choquer les âmes sensibles ou les fanatiques des droits aux animaux, mais quand on connait les dégâts que peuvent causer une dentition mal entretenue dans la bouche d'un cheval (où étiez-vous quand le professeur de biologie vous disait que la table dentaire des équidés pousse en permanence ?), voire même sur son état général s'il en résulte des difficultés à s'alimenter, on convient alors que la véritable maltraitance serait de ne jamais faire venir son dentiste équin...

Ou bien de vouloir un cheval sans les dépenses financières qui vont avec, puisque je crois bien que c'est aussi ça qui freine quelques propriétaires (curieusement, pas les plus pauvres, allez savoir pourquoi ! ). Le prix d'une consultation est pourtant équivalent à celui d'un ferrage. Qui concevrait de ne jamais prendre rendez-vous avec son maréchal-ferrant ? Dans le voisinage, seule "la petite Nelly" a semblé partager mon opinion quant à l'importance de ces soins, elle a donc conduit Emirka à la maison pour sa consultation.

Revenons à nos molaires...

Nelly a pu constater l'état de la bouche de sa jument avant les soins à la demande de Julien. On peut sentir combien les surdents sont tranchantes et donc imaginer à quel point ce doit être désagréable d'en avoir...

Nelly et sa jument Emirka, soucieuses de leurs dents.

Julien travaille bien, calmement, gentiment. Mes pensionnaires ne manifestent en principe aucune résistance à son égard. Certains vétérinaires ne peuvent pas en dire autant... (Je ne parle pas là du vénéré Docteur K. qui lui n'a jamais eu à subir les foudres de Sirocco ou d'El Qahirah... Il y a les bons, et il y a les moins bons ! ).

Hier toutefois, El Qahirah et Hémy se sont montrées assez impatientes... Agitation de la pouliche lors des soins ? Présence d'une jument étrangère dans leur paddock ? Ce n'était pas à mon avis lié au travail de Julien sur leurs dents.

Julien termine manuellement le travail sur Hémy, puis procède à un rinçage.

Vérification du travail réalisé sur El Qahirah. Puis, la jument manifeste son impatience... sans doute dûe à l'hyperactivité de la petite Zarda qui voulait récupérer sa maman. Et enfin, El Qahirah vue de l'intérieur.

Pour terminer cette journée de soins équins, nous avons accueilli Nicolas, le maréchal-ferrant. Hémy a été de nouveau ferrée, c'est-à-dire qu'il a ôté les fers usés, a recoupé la corne pour remettre les applombs de la jument intacts, puis il a adapté des fers aux pieds d'Hémy à l'aide de sa forge. Tout cela expliqué de façon très sommaire pour les néophytes.

Une fois cloués sur les pieds d'Hémy, les fers sont rivés. Zoom sur un antérieur d'Hémy fini. Nicolas caresse Hémy.

El Qahirah a été parée : l'excédent de corne a été coupé à l'aide d'une grosse pince, puis le travail est davantage fini à la rape. Que les maréchaux m'excusent de cette présentation de leur travail (bien plus complèxe que ma description succinte et approximative) à mes lecteurs.

Les jolis petons de Zarda ont reçu un premier coup de râpe. Je n'ai malheureusement pas pu capturer ces images, occupée à tenir Hémy. Elle a très bien coopéré et a été qualifiée de pouliche adorable. Pourvu que ça dure !

Tout cela sous les yeux d'Angel, qui ne se demandait pas s'il serait dentiste équin ou maréchal-ferrant, mais plutôt quand est-ce que sa maman serait de nouveau toute à lui.

L’après-midi s’est terminé autour d’une boisson fraîche et d’une part de gâteau fait maison (cake à la banane ou tarte tatin, au choix). Il faut toujours féliciter le travail bien fait !

Un grand merci à Magalie pour sa patience et sa gentillesse avec mon enfant chéri.

NDLR : Les photos de ce post ne rendent pas vraiment justice à la plastique des juments. Demandez-vous la tête que vous faites sur le fauteuil de votre dentiste... ou bien chez le podologue, et sans doute comprendrez-vous pourquoi il faut être indulgent avec mes petites chéries. A bon entendeur, salut !